Nous présentons différentes méthodes et outils empiriques qui sont susceptibles d’objectiver et d’optimiser l'évaluation des textes traduits en tant que corpus de traduction parallèles produits par des traducteurs professionnels ou par un service de traduction automatique. Les méthodes et outils proposés prennent appui sur une analyse empirique du traitement de l’information dans les textes traduits ainsi que sur le rôle utilitaire de la traduction automatique et de ses méthodes, et elles peuvent être mises en œuvre dans un appareillage outillé d'évaluation des traductions dans un contexte professionnel. La partie saillante de ces méthodes (qui peuvent être déployées automatiquement ou manuellement) repose sur la comparaison de deux paramètres mesurables dans la plupart des langues naturelles, à savoir la longueur des segments en caractères et le nombre de mots lexicaux qu'ils contiennent. Nos travaux récents (Poirier, 2017 et Poirier, 2021) ont montré que ces paramètres ont une forte corrélation positive en traduction (supérieure à 0,9 en règle générale, et dépassant le plus souvent 0,95) : plus le segment source contient de caractères ou de mots lexicaux, plus la traduction contient de caractères ou de mots lexicaux. La mesure des mots lexicaux et du volume informationnel des traductions permet de distinguer les traductions hétéromorphes (information en surplus ou en moins) des segments isomorphes (même contenu informationnel). L'analyse manuelle et partiellement automatique des segments hétéromorphes ouvre de nouveaux horizons empiriques dans l'évaluation professionnelle des traductions ainsi que dans l'étude contrastive des techniques de traduction discursives et textuelles (en phraséologie, en textométrie et en stylistique, par exemple). La TA peut s'intégrer à différentes étapes en amont et en aval de l’évaluation des textes traduits. En amont, elle peut servir d'élément de comparaison des écarts informationnels obligatoires ou facultatifs (biais culturels ou personnels en langue-culture cible) de la traduction professionnelle. En aval, elle peut fournir à la traduction révisée ou à la révision des contre-exemples qui justifient par la négative le caractère convenable ou conventionnel des formulations divergentes.